Music 4 ever!

Publié le par La Liseuse

« You know… My name’s Lou Bega and hum…. I will sing a song, and I know you’ll like that one!”

C’était l’été 1999.

Le monde contre mon adolescence débutante (j’étais précoce…)

Je me sentais moche, mes cheveux sous les fesses, j’avais de drôles de jolis trucs qui avaient commencé à pousser 45cm au-dessus de mon nombril, je matais les garçons en cachette (dont j’avais fini par totalement déchiffrer les particularités linguistiques…) pendant que j’affirmais que « rah ! les mecs c’est trop des nazes, ils ont que des boutons et une kékette et ils sont tous moches ! ». Intéressée modeste, va ! Je lisais en secret « Les enfants de la Terre », une série que mon père avait disposée en haut de la bibliothèque avec un menaçant « Ces livres-là, c’est pas de ton âge, tu ne peux pas les lire ! » … Heu, Papa ? Tu connais le principe ? Interdit = très très intéressant = très très instructif = moi + une lampe de poche + des cernes au petit matin…

J’avais décidé de renflouer la caisse nationale québécoise en me consacrant à un spectacle où tous les acteurs étaient bénévoles, sauf les chanteurs. En bref, mes copines se croyaient célèbres parce qu’elles fréquentaient un mec en vue (ha ha, laissez-moi rire, il a fini cuistot au taudis du coin!) pendant que je jouais une femme amoureuse au bord d’une rivière, sous 37° en costume d’époque (vive le déménagement, les photos ont été … involontairement…  perdues) et que je me vouais corps et âme aux mièvreries d’un réalisateur excité par la vue de tous ces hommes en col V jusqu’aux genoux…

Mais cet été-là, à part vomir sous l’effet de la compression de la laine (j'vous dis pas les gratouilles...) et des corsets, j’ai découvert un nouvel univers : la musique. La vraie. Pas celle des FM. Pas celle de Papa/Maman. Non. La mienne. Grâce à Lou Bega. Cet album, je le connais par cœur. Mambo n°5. God, ce que j’ai remué des castagnettes sur ce rythme africano-latino-américano-quelque chose ! Et là, l’éclatement total. Internet arrive à la maison, il est tout beau mon ordinateur de 18 kilos, il est beige, mais il roule des mécaniques, le déjà-papy ! Et le mot magique : téléchargement (attention, au vu des nouvelles lois, je suis obligée de le mentionner : c’est le mal et c’est illégal !). Je tape Lou Bega et c’est comme être chez Willy Wonka, non, c’est mieux que du chocolat, ça remplace tout le magnésium des tablettes du monde, c’est une pluie de rythmes, de sons, de voix, tout se mélange, j’apprends, j’aime, je dévore. J'avais Elvis, oubliée, Patricia Kaas, oublié Patrick Juvet, oublié Voulzy. Voilà Dire Straits, Nirvana, Police, Supertramp, Madonna, Genesis, les Rolling Stones, les Beatles, Nina simone, Cesaria Evoria, les Gipsy King, Space Oddity…

Pourquoi ? Pourquoi avoir cru que je pouvais attendre 13 ans avant de m’immerger dans l’indécence musicale ? J’en bombarde mes oreilles à ne plus supporter mes tympans ! Ce qui m’a manqué, c’est le temps. Ne pas avoir le droit de tout arrêter et de passer mes journées un casque sur la tête. Puis, le délice, entendre ma mère supplier que je « baisse ma musique de sauvage » quand j’écoutais Michaël  Jackson, et la voir maintenant s’émerveiller devant Moby et Faithless… Faire découvrir Rammstein à mon père. Ils m’ont offert la plus belle chose (vraiment ? vous voulez savoir ? la vie, que diable !), je leur transmets mon amour du bon son.

Alors, maintenant, je le prends ce temps, la musique coule de source dans ma maison. Et chaque fois que Lou Bega retentit dans mes oreilles, j’ai treize ans, des cheveux trop longs, des vêtements trop larges, et je me dandine avec des « Mambo N°5 !!!! » décapants.

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