Les fautes d'Aure Taugraf, bis!

Publié le par La Liseuse

 

 

Ayons de l’audace!

Changeons, réformons, (dé)/(re)formons, la mutation est tendance!

L’orthographe est morte, vive l’ortograf nouvelle!

 

On pourrait y croire, évidemment. Qu’une bonne réforme rendra les résultats scolaires meilleurs ; des diplômes pré-emballés, moins de chômage chez nos jeunes, nous en sortirons la tête haute de cette crise! Que le tollé général ne fera que passer et qu’après tout, la grammaire n’est pas l’affaire des petites gens, mais celle de la République ! 

 

Pas de cliché ici, non. Plutôt une crainte. A l’incohérence de ces simplifications orthographiques, je crie à la prise de conscience ! La phonétique remplace aisément l’intellectualisme de l’écriture. Balayons les aspérités sociales d’une main, instaurons l’égalité de l’autre. Les matheux seront ravis et les dyslexiques seront comblés. Les littéraires finiront par se ranger, après tout, le français est une langue vivante. La réforme, conçue au préalable pour des enfants en difficulté scolaire, vient ronger les espoirs des amoureux de la Langue. Mais pensez-y. Quel confort, pour les enseignants. Ils sont assurés d’un échec moindre. Le leur ! Ce n’est pas à une cédille que l’on confiera l’avenir de nos enfants.

 

 Sauf que l’enjeu ne se limite pas à un renouvellement des dispositions orthographiques. L’écart générationnel se creuse, entre les aînés qui se targuent d’une éducation à coups de lattes et de genoux meurtris et nos adolescents qui vantent les avantages d’un enseignement sans discipline, sans dictée, sans honte. L’erreur est malsaine, dans les classes de 1930. En 2009, elle apprend à se servir de nouvelles excuses. Difficultés familiales, dépression précoce, société handicapante.  La récompense du  travail bien fait et le mérite de l’effort mourront avec le renversement de la dictature de l’orthographe. Evidemment que sa maîtrise est difficile ! Mais depuis quand donne-t-on à la paresse la primauté sur l’épanouissement individuel ? Plus de promesse d’un vélo neuf à Noël si les résultats s’améliorent. Plus de 30 minutes de télévision après les devoirs accomplis correctement. La démocratisation est une notion plus actuelle. Alors, bon ou mauvais, l’élève aura son bicycle, son morceau de bûche et des heures d’abrutissement devant lui.

 

Mais, entretemps, le niveau grammatical se prend des claques. Comment faire comprendre à des jeunes qui ne maîtrisent pas le code basique d’échange d’informations entre les individus que leur culture s’évanouit ? Que perdre un accent circonflexe, c’est perdre bien plus qu’un symbole. Réformer l’orthographe signifie appauvrir la tradition. C’est faire périr la beauté du geste et demander à un stylo d’affronter des murs d’incompétence.

 

 

Des solutions sont envisageables. Mais si l’on donne à ces jeunes la possibilité de diminuer la lourde tâche qu’est celle de l’application, c’est peut-être parce que nous sommes nous-mêmes les premiers à vouloir baisser les bras. A force d’entendre que tout travail mérite repos, nous avons adopté l’idée que le repos remplacerait volontiers le travail.  Alors, excusons-les, ces tendres adolescents, et laissons à Monsieur Chatel le soin de garantir un futur empli de fautes, mais à l’équité garantie. Oh, pardon ! A lékité garentie.

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